Dickens aurait-il rencontré les Beach house ou ces derniers l’auraient-ils découvert dans l’un de leur nombreuses ballades sur la baie de Chesapeake ? Ce qui est sur en tout cas, c’est que dans « Teen Dream » le troisième album des Beach House, on part direct le sable humide, la tente sur son dos, et la plage à perte de vue.

Il y a dans un des romans de Dickens, plusieurs passages qui me sont tout de suite venu en tête lorsque j’écoutais cet album. Et pour ceux qui n’auraient pas lu le superbe « David copperfield », il y a ce moment ou davy, le héros du livre, arrive à Yarmouth, la ville portuaire natale de sa tendre nounou, Mme Pegotty. Et quand ceux-ci parviennent enfin jusqu’à la maison de la famille de cette Mme Pegotty, on se retrouve sur une plage, du sable à perte de vue, une rivière au loin qui vient se jeter dans la mer, et, au milieu de ce désert sublime, une barque noir échouée sur le sable. Un tuyau de tôle qui remplace la cheminé fume. Sur son flanc, une petite porte, un plafond et des petites fenêtres. Mais un Bateau, un vrai bateau qui avait dû naviguer des centaines de fois sur la mer et qu’on aurait jamais pu le voir devenir une habitation ferme.

Et dès le premier morceaux de l’album, on retrouve tout de suite cette ambiance de vieille demeure familiale perchée au bord d’un océan dans laquelle on revient après une longue absence. Ce qu’il y a de sur en tout cas, c’est que nos amis de Baltimore n’ont rien perdu de leur recette ; Des ballades mélancoliques, la voix onirique de Victoria Legrand, et les claviers exaltants d’Alex Scally.

Chaque nouvelle musique nous emmène toujours dans ces paysages bleus ou l’odeur du sel côtoie les vents de mer qu’on sentirait presque avec un peu d’imagination. Et il est facile de se laisser porter dans les longues promenades que seuls les Beach House parviennent à créer ; Leur musique baigne toujours dans cette atmosphère si commune à la dream Pop. Pourtant, il y a quand même plus que ça dans leurs productions. Il y a ce climat, cette sensation d’être pris tout entier et de se sentir avancer et bercer dans des titres sublimes tels que l’incroyable « Silver soul » qui est peut-être la plus belle musique que j’ai écouté depuis le début de cette année.

Il y a dans « Teen Dream » de la mélancolie certes, mais elle n’est ni triste ni larmoyante ; On trouve dans chaque morceau de l’album un coté rassurant porté, sans doute, par le chant mystique de Victoria.

Mais ce qui étonne le plus dans cet album, c’est la force avec laquelle tous les titres parviennent à vous émotionner un peu plus les uns à la suite des autres. Dès la fin d’un morceau, on se dit qu’aucun autre ne pourra nous toucher aussi profondément que ce dernier. Et dès l’arrivée de la musique suivante, on reste saisi dans la façon ou nos deux Baltimoréens arrivent encore à nous ébranler toujours plus. On en reste véritablement bouleversé. Chaque titre de l’album est unique, et quand on pense qu’il leur a fallu 5 ans pour produire un tel disque, on comprend parfaitement comment chaque morceaux de « Teen Dream » composent une œuvre extraordinaire d’un ensemble homogène et cohérent.. Pas une seule musique nous ennuie plus qu’une autre.

Un des souvenirs les plus marquant des aventures de David Copperfield, reste cette fameuse maison en bateau qui se trouve en plein désert océanique. Il y a cette famille, celle de Pegotty ; Ham, M. Pegotty, et la p’tite Émilie. Mais surtout, il ya l’amour de la mer, du sable chaud, de la brise matinale, et des vents froids de la nuit. Il y a ce souvenir d’une maison chère, et des personnes qui l’y habitent. Il y a aussi cette nostalgie lorsqu’on y revient après une longue absence et cette amour pour toutes ces choses qui y reste inchangé et malgré les personnes qui elles, ont changé. On sait pourtant qu’on s’y sent en sécurité et comme dans un rêve lointain d’où personne ne peux y entrer.

Il a pourtant fallu y revenir plusieurs fois sur cette album. Parce que, comme ce rêve lointain, soit nous décidons de l’effleurer sans y accorder plus d’intérêt que nécessaire en passant notre chemin, soit nous insistons, nous y entrons et nous y restons jusqu’à ne plus vouloir en ressortir. D’abord vagues et incertaines, les musiques de « Teen dream » révèlent à chaque nouvelle écoute une richesse infini et un univers qui ne fini plus de s’étendre. On en vient presque à ne plus vouloir quitter ce rêve.
Ce qui est sur en tout cas, c’est qu’avec ce troisième disque, celui qui tourne le plus dans ma platine, on se demande comment les Beach House pourront encore nous impressionner avec d’aussi belles compositions. Ils signent là leur plus belle album et on espère qu’ils ne s’arrêteront pas là.

Sortie:  26 janvier 2010
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