Il y a parfois des découvertes étonnantes comme ce gars, Bertrand Belin, qui vous prend comme ça, tout à coup, une après-midi, une matinée ou une soirée ; Le genre de découverte qui vous tombe dessus et, qui sans vous en rendre compte, vous fait complètement décrocher et vous emporte dans un monde que vous même, et pas simplement l’artiste, vous aurez construit avec les musiques de son album.

Et c’est un peu ce qui se passe avec Bertrand Belin. Le sublime Hypernuit, c’est un peu le début d’un voyage qu’on a pas décidé de prendre mais qui s’impose de lui même.

Tout au long de l’album, on passe de la surprise à la curiosité, et de la mélancolie à une douce agitation. Parfois ses musiques vous donnent l’impression de vous entourer de bras doux, chauds et réconfortants. On a l’impression que notre mère est juste à coté, les gâteaux et le thé chauds des après-midi froides et automnales parfument la pièce et on pourrait rester assis, comme ça pendant des heures. Et puis d’autres fois, c’est comme si vous vous retrouviez dehors avec un froid glacial, en compagnie d’un ami qui vous fait l’exposé d’une idée. Le sujet n’est pas forcément passionnant, et vous ne savez pas comment mettre fin à la conversation sans qu’il se rende compte qu’il vous ennuie ou que vous n’attendiez que de rentrer chez vous pour vous mettre au chaud.

Ses musiques ne sont ni remarquables, ni révolutionnaires, mais leur simplicité et leur authenticité donne à l’album ce coté pittoresque unique. Le genre d’album qui contient des titres superbes comme le morceau éponyme qu’on pourrait écouter des dizaines de fois à la suite. Inutile non plus d’essayer de chercher les phrases poignantes d’A. Fleurant-Didier à qui on le compare souvent. Ses textes se laissent s’imprégner tout seul. Et même si plusieurs fois on a cette sensation de ne pas avoir toujours tout suivi, on sait ce qu’il y a à saisir, et à comprendre. Les mots volent au dessus de nous, ses histoires apparaissent tout à coup, le temps de tendre la main pour les effleurer avant qu’elles ne disparaissent à nouveaux en ne nous laissant que des bribes qu’il nous faut assembler pour réécrire notre histoire.

Il y a aussi cette voix si particulière qu’on compare à tort à Bashung, et qui nous emmène facilement dans toutes les aventures de notre auteur. On se laisse facilement porter par le calme qui déborde de toutes ses compositions. La sensibilité de ses musiques, et le ton parfois surnaturels de son chant qui nous transporte dans une poésie vivante. Souvent pourtant, l’obscurité qui entoure ses textes contraste avec ce coté fragile et doux de ses musiques. Et lorsque sa voix grave, finirait de nous faire frisonner de peur, elle nous réconforte et nous assure une confiance immédiate en notre conteur. On aurait presque envie de parcourir ses villages, et rencontrer ses amis à ses coté juste pour avoir ce plaisir si particulier de l’entendre parler et chanter. Parce que Bertrand Belin a cette façon de raconter ses histoires sans jamais nous brusquer, ou nous étonner. Elles existent et sont simplement là pour nous. Peu importe qu’elles soient importantes ou pas. A nous de décider si nous voulons accepter sa main et le suivre.

Pour ma part, je n’ai pas vraiment eu à hésiter. Dès la premier musique, il y avait ce sentiment fort d’être simplement allonger dans mon lit, de laisser les titres défiler et de voyager avec  »Hypernuit ». C’est peut-être là ou se trouve la force de son album d’ailleurs. Dans l’immédiateté des émotions que procurent ses morceaux ; On se laisse facilement prendre dans son monde, et on navigue volontiers avec lui dans les flots qui séparent chacune de ses histoires. On sent chez Bertrand Belin l’histoire d’un homme humble et simple qui est venu nous dire ce qu’il avait envie de nous raconter et partir sans aucune prétention en nous laissant avec ses récits. Le tout avec une sensibilité naïf.

Sortie : 20 septembre 2010
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